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Les musées ne sont pas le problème, ils font partie de la solution

21 décembre 2020

Les musées sont des institutions qui préservent le passé pour le transmettre aux générations futures afin de permettre à tous de se situer dans le présent et de se projeter dans l'avenir. Ils sont des lieux vivants de mémoire ou de création, de rencontre, de réflexion, d'échanges et de construction d'une identité commune permettant ainsi aux différentes composantes d'une société de vivre ensemble et de partager l'idée d'un futur commun.

Leur rôle économique et social a été reconnu par différentes organisations internationales comme l'UNESCO, l'ONU, l'OCDE ou la Banque Mondiale. Plus récemment c'est leur impact en termes de bien-être et de santé mentale qui a pu être démontré sur les individus qui les fréquentent.

Le monde politique belge dans son ensemble semble estimer à son tour que la culture est "essentielle" et qu'elle a "un rôle énorme à jouer" dans la "la santé mentale de tous les Belges" et qu'elle permet aux Belges de "passer le cap".

Si certains services sont considérés comme service public qu'il convient, à juste titre, de maintenir afin de ne pas abandonner la population au bord du gué du sars-cov2, que penser de la mission de service public des musées qui dans leur grande majorité sont liés aux collectivités: tisser un lien entre les individus au travers la préservation, l'étude, l'éducation, et la transmission d'un patrimoine, de connaissances et d'émotions ?

Les musées, et au travers d'eux la culture, l'art et le patrimoine, ont un rôle essentiel à jouer au sein de notre société en particulier dans le cadre de la pandémie que nous connaissons actuellement.

Les musées doivent être considérés comme un bien de première nécessité. Nécessité d'identification ; nécessité de lien social ; nécessité de bien-être individuel.

Depuis le 18 mai, les musées ont appliqué et maintenu des protocoles stricts : jauge de 15m2/personne ramenée à 10m2/personne, réservations fortement conseillées voire obligatoires, masques et désinfection des mains obligatoires, flux d'entrée et de sortie séparé lorsque les espaces ne permettent pas de se croiser à moins de 1.5m, parcours obligés pour éviter les croisements, supports tactiles désactivés ou accessibles par le biais de tiges personnelles, créneaux horaires de visite pour gérer le nombre de visiteurs et éviter des files d'attente à l'extérieur des bâtiments. Ces protocoles étaient du reste en cours de réévaluation pour les adapter aux différentes phases d'alerte sanitaire.

Le personnel et les visiteurs se sont tous pliés de bonne grâce à ces protocoles sanitaires extrêmement stricts en comprenant parfaitement leur utilité dans le cadre de la gestion de la propagation du sars-cov-2 en limitant le contact potentiel entre visiteurs.

Malgré la très faible probabilité de transmission du sars-cov-2 dans un museé, ils ont été fermés !

Lorsque les populations qu'ils servent sont dans une situation de stress comme c'est le cas actuellement, il conviendrait au contraire de ne pas empêcher un ressourcement social et individuel : ils offrent toutes les garanties sanitaires pour une cure de bien-être qui nous permettra de traverser la crise que nous vivons actuellement.

Et si une fermeture des musées devenait inéluctable pour des questions de santé publique, il conviendrait de consulter le secteur muséal afin qu'il puisse non seulement preparer l’arrêt des activités physiques mais également leur redémarrage, plutôt que de mettre des milliers de personnes et des centaines de structures devant le fait accompli.

Nous insistons aussi sur la nécessité de maintenir les mesures d’accompagnement et de soutien économiques au vu de la situation financière très difficile dans laquelle se trouvent actuellement les musées et leurs personnels. Car il ne faut pas oublier que les musées sont des acteurs économiques importants et que l'arrêt de leurs activités ou leur maintien dans un régime à basse fréquentation a un impact certain sur le tissu économique local et régional.

Aujourd'hui, à l'heure oû la réouverture des commerces non-essentiels est sur la table des négociations, nous souhaitons que la re?ouverture des musées soit tout autant prise en compte, pour la viabilité de leurs structures comme pour leur apport au bien-être de la population

Les musées ne sont pas le problème, mais font partie de la solution au problème.

Faisons le choix de société de considérer les musées comme un service public essentiel: rouvrons-les aussi vite que possible; gardons-les ouverts autant que possible !

ICOM Belgique Wallonie-Bruxelles

Alexandre Chevalier, président

Musées et Société en Wallonie

Christelle Rousseau, présidente

Brussels Museums

Pieter Van der Gheynst, directeur